Quand TDAH rime avec succès : Benoît Bergeron en témoige

TDAH Adulte

Témoignage de Benoît Bergeron, graphiste.

Lorsque Sonia Charpentier et moi-même avons débuté notre projet de calendrier TDAH « Puisqu’on a Tous Droit Au bonHeur », nous avons fait un appel à tous pour trouver des participants. Benoît a rapidement répondu à l’appel! Aussi, lorsque j’ai proposé à chaque participant de partager leur témoignage, il a gentiment accepté.

Je connais très peu Benoît, mais à la lecture de son texte, j’ai découvert une personne positive, créative et qui nous illustre ses propos à l’aide d’image qui nous permettent de bien en comprendre le sens. Il a su choisir une profession dans laquelle il peut exceller en exploitant ses forces et il relève ses défis en utilisant d’excellentes stratégies qu’il nous partage généreusement dans son témoignage que voici :

1.     Comment as-tu su que tu avais un TDAH ?

J’ai consulté mon médecin de famille pour un problème de sommeil et d’anxiété.  Après avoir essayé de répondre à une série de questions sans faire d’erreur et ce, en vain, mon médecin m’a recommandé de remplir un questionnaire sur le TDAH provenant du livre : Mon cerveau a encore besoin de lunettes de Anick Vincent.

Toutes les situations décrites dans ce questionnaire ressemblaient énormément à ma vie au quotidien et me rapprochaient de plus en plus d’un diagnostic de TDAH.

La découverte que je souffrais du TDAH m’a soulagé car j’ai toujours pensé que j’étais une personne impotente, incroyablement distraite et incapable de faire certaines choses demandant d’être organisé et demandant un certain niveau de concentration.

2.    Quels défis le TDAH met-il sur ton chemin ?

Malheureusement, trop de variables viennent facilement déséquilibrer cette organisation lorsqu’on se bat contre le TDAH et il faut toujours travailler à démêler l’utile de l’inutile.

Le quand et le comment deviennent facilement des concepts approximatifs. Entre les lettres A et B, il y a soudainement d’autres lettres qui s’inventent et qui viennent se greffer à l’alphabet que nous connaissons rendant ainsi le concept de A à Z interminable.

L’expression : « Tous les chemins mènent à Rome » prend alors tout son sens lorsque nous souffrons d’un TDAH. Alors, c’est souvent ce que je dis à moi-même : « Je ne sais pas comment je vais y arriver ni par quel chemin mais je vais m’y rendre et au final tout sera livré en temps et à l’heure prévue. »

3.    Comment parviens-tu à relever ces défis ?

J’ai été diagnostiqué TDAH très tard dans ma vie ce qui fait que j’ai eu le temps de développer toutes sortes de stratégies pour m’aider à m’organiser tout au long de mon existence avant qu’une médication me soit prescrite.

Si je ne le vois pas, ça n’existe plus ! Telle est la devise que semble adopter mon cerveau ayant besoin de lunettes. Quand je ne vois pas les choses ou les objets alors j’oublie qu’elles existent tout simplement. Afin de remédier à ce problème, une des choses que je fais est de tout laisser visible et éparpillé de façon à ce que je puisse voir chaque chose.

Cependant, lorsque vient le temps de ranger et que je dois placer des objets dans des tiroirs ou ailleurs, je prends des photos du contenu afin de pouvoir le consulter ultérieurement à partir des répertoires photos que je crée dans mon ordinateur de façon à être certain que les choses ne disparaissent pas de l’univers!

Également au quotidien, nous avons toutes des petites choses que nous ne tenons pas à oublier lorsque nous quittons la maison. Comme par exemple, nos clés, notre porte-monnaie, nos médicaments, une carte de visite, une note importante, etc. Alors, pour m’aider à ne rien oublier lorsque je quitte mon domicile, je place toutes ces choses dans un petit panier que je trimballe partout où je vais dans mon auto. De cette façon, je risque beaucoup moins d’oublier un document nécessaire lors d’une rencontre importante. Mieux vaut arriver avec tous ses documents en main que d’arriver devant son client en ayant oublié sur le comptoir de l’entrée tous les documents que nous devions lui présenter!

Heureusement, il y a deux ans après avoir été officiellement diagnostiqué TDAH, j’ai commencé à prendre des médicaments afin de réduire les effets du déficit de l’attention. Cette journée-là a changé ma vie de A à Z. D’abord, tout est devenu clair dans ma tête pendant toute la durée de la médication. Je suis soudainement  devenu quasiment quelqu’un d’autre. Je pouvais réaliser des choses qui me semblaient impossibles auparavant, car j’arrivais à me concentrer. J’arrivais à focaliser mon esprit sur ce que j’étais en train de faire sur le moment sans que rien ne vienne entraver ma concentration.

La prise de médicaments dans mon cas a été une ressource non négligeable contribuant à me permettre de réaliser ce que je pensais qui n’était pas à ma portée.

4.   Quelles sont tes forces et caractéristiques qui ont contribué à ton succès? Et comment ?

Souffrir du TDAH a aussi contribué à mon succès en tant que graphiste. D’abord, le fait d’être éparpillé, désordonné, allumé, énergique, hyperactif ainsi que tout autre symptôme relié au déficit de l’attention me permet de créer d’une façon complètement éclatée. Étant donné que mon cerveau ne s’arrête jamais et est allumé comme un fanal ou un phare pendant toute la nuit et ce, pratiquement tout le temps, alors plein d’idées surgissent de ce déséquilibre.

Être dispersé dans mes idées fait en sorte que d’autres naissent à travers elles et plusieurs de mes concepts clients finaux découlent de cet exercice qui souvent m’empêche de dormir.

Mon cerveau allumé me permet de créer n’importe quand et je suis constamment en train de tourner des choses, des mots, des formes, des couleurs dans ma tête. Dès lors qu’un client me donne son nom pour un logo, une armée de mini-ampoules s’activent dans mon cerveau pour allumer mon gigantesque sapin de Noël d’idées.

Le TDAH est bien utile à cette première phase de création qui me permet aussi de pouvoir faire plusieurs choses en même temps de sorte que d’attaquer plusieurs projets de front ne m’effraies pas. L’inconvénient cependant d’avoir un tel déficit, c’est au niveau du classement des idées. Toutes ces idées doivent être ordonnées et classées afin d’y voir clair et de pouvoir présenter les bonnes choses aux clients. La médication dans mon cas est irréprochablement bénéfique pour la réussite du classement d’idées dans ma tête.

C’est également en raison de cette médication faisant de moi une personne ayant plus confiance en ses moyens que j’ai décidé de me partir en affaires il y a deux ans maintenant. Après avoir eu le courage et la détermination de créer ma propre agence d’idées et avec l’aide et les ressources nécessaires afin de concrétiser ce projet, je peux dire aujourd’hui que le TDAH n’a plus l’emprise qu’il avait sur moi et que je réussis malgré tout à l’utiliser en ma faveur.

Je remercie Benoît pour son généreux témoignage inspirant! J’adore ses métaphores, principalement celle de l’armée de mini-ampoules qui illuminent le méga sapin de Noël d’idées. Il aurait pu représenter l’un des plus grands défis du TDAH, car parfois ces mini-ampoules sont tellement nombreuses et entremêlées qu’elles projettent une lumière si intense et aveuglante que l’on ne voit plus le sapin. Toutefois, Benoît à bien démontré quu’en utilisant des stratégies pour faire le ménage dans ses idées, les classer et focaliser sur l’une d’elles à la fois, les mini-ampoules se placent tel un rang d’armée et il est alors possible d’avoir un magnifique sapin de Noël digne du Rockefeller Center de New York !

Pour en savoir plus sur les services de Benoît, je vous invite à visiter le site Internet de son entreprise Zaroka.

Laisser un commentaire